Revue Hypnose & Thérapies Brèves 33
Commençons par les actualités dans le soin. Kamen et coll. (2014) confirment l’intérêt de l’hypnose dans les nausées et vomissement liés à la chimiothérapie chez les patients atteints de cancer (avec l’avantage très formel de ne pas nécessiter de matériel et que le patient peut apprendre l’autohypnose et donc pratiquer seul). Toujours dans le cancer, une étude prospective de Paquier et coll. (CHU de Poitiers) montre l’intérêt d’une séance d’hypnoanalgésie accompagnant la photothérapie dynamique (traitement de lésions cancéreuses ou précancéreuses).
Les conclusions restent, pour les auteurs, à confirmer avec une méthodologie plus contrôlée qu’ils ne l’ont fait. Cependant, ils ajoutent une pierre importante à d’autres déjà posées. Ainsi, toujours en dermatologie, cette étude fait écho par exemple à ce qu’avait fait Maillard et coll. (2007) pour valider l’intérêt de l’hypnose lors de l’injection de toxine botulique dans l’hyperhydrose palmaire. Sur un autre sujet, Kekecs (2014) montre que la suggestion dans un cadre de l’éducation thérapeutique a le même effet dans le cadre de la chirurgie de la cataracte. Et dans le champ de l’hypnosedation, Martin et coll (2014) montrent que des suggestions au réveil permettent à des enfants après une amygdalectomie de consommer 70% moins d’antalgiques.
A noter une présentation claire du protocole et surtout une publication du script utilisé. Citons une publication qui n’est pas une recherche en tant que telle mais dont le thème est peu fréquent : celui de l’hypnose en médecine d’urgence (Iserson, 2014). L’article s’interroge sur pourquoi une « mésentente » entre les deux domaines. A priori, une mauvaise connaissance des preuves scientifiques, la croyance persistante que l’hypnose demande forcément du temps, et du calme pour être pratiquée serait à incriminer.
Des recherches plus spécifiques en médecine d’urgence permettraient certainement de réduire ces arguments. Enfin, Jensen et Patterson (2014) livrent une très bonne analyse des connaissances actuelles sur la façon dont l’hypnose agit sur lesdouleurs chroniques. Ils dégagent trois axes cliniques essentiels qui résultent des connaissances que nous avons : l’autohypnose constitue la voie de chronicisation des soulagements, il est important de fixer avec le patient des objectifs qui vont au-delà de la simple diminution de la douleur et enfin il est nécessaire de travailler avec le patient autour des « espoirs raisonnables », autrement dit sur le niveau réaliste de changement qu’il est possible d’atteindre. On voit bien qu’audelà de la technique, c’est une construction pertinente de la stratégie thérapeutique qui va avoir un intérêt.
En hypnothérapie, partons une nouvelle fois vers la question du tabac, l’une des indications prototypiques de l’hypnose, en même temps qu’elle est l’objet de nombreuses controverses quant à son efficacité réelle et notamment vis-à-vis d’autres pratiques. Hasan et coll. (2014) montrent de façon claire que l’hypnothérapie est plus efficace que les substances nicotiniques pour maintenir l’abstinence tabagique post-hospitalisation. A 12 semaines, c’est la combinaison hypnose/substituts qui est la solution la plus efficace alors qu’à 26 semaines, l’hypnothérapie seule offre de meilleurs résultats que la combinaison que nous venons de citer. Peut-être du fait que l’utilisation de la nicotine maintient malgré tout un lien à la consommation plus importante que si l’on mobilise seulement les ressources du patient, en dépassant le besoin métabolique ? A noter qu’il s’agit bien d’hypnothérapie, c’est-àdire de l’usage de l’hypnose dans un cadre psychothérapeutique (ici en approche rogérienne).
Quant à Rüther (2014), il rappelle que l’hypnose présente un intérêt pour diminuer la dépendance tabagique chez des patients possédant des troubles psychiatriques.
Edito du Dr Thierry SERVILLAT, Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°33
QUI EST ÉRICKSONIEN ? C’est le printemps, et nous sommes en pleine effloraison éricksonienne ! De nombreux instituts éricksoniens divers et variés continuent de voir le jour, des livres éricksoniens de paraître, des sites de praticiens éricksoniens d’être mis enligne. Les éricksoniens en font des tonnes…Mille tonnes comme m’avait suggéré mon logiciel de dictée vocale à qui je m’étais confié au sujet du Magicien du Désert !
Les herbes folles. Dr Patrick BELLET
CONTRIBUTION À LA NATURE VÉGÉTALE DE L’HYPNOSE. Digressions à la manière d’un road-movie sur la pratique de l’hypnose, entre académisme et sérendipité. C’était une journée banale. Je devais me rendre dans un hôpital pour une conférence. Après un démarrage un peu matinal, la route départementale me mène de Vaison jusqu’à l’autoroute à Bollène. La routine. L’arrivée au péage. Ralentir, s’arrêter, prendre le ticket. La barrière qui se lève. Première, seconde, troisième.
Récits et formes en douleur chronique
Par Fanny MILLER, avec la contribution de Pierre-Henri GARNIER
L’ACTEUR RÉSEAU « HYPNOSE ». Non seulement écouter le patient douloureux chronique, mais observer son langage lorsqu’il raconte sa rencontre avec l’hypnose. Tel a été le sujet d’une recherche menée par une jeune psychologue avec l’aide d’un logiciel d’analyse de mots.
Par Guillaume DELANNOY, Grégory LAMBRETTE. APPROCHE PRAGMATIQUE ET INTERACTIONNELLE. Voir autrement une situation bien souvent décrite en terme de blocage. Les auteurs nous proposent ici de considérer le harcèlement au travail comme une interaction dans laquelle la victime devient active et permet qu’un processus vivant modifie la donne.
Préparation mentale par la PNL. Guy MISSOUM
POUR PERFORMER PARFAITEMENT. Fille de l’hypnose, la PNL reste une pratique vivace dans certains domaines comme la préparation sportive. Spécialiste reconnu, l’auteur en présente les principaux outils utilisés. Développée initialement dans les domaines de la thérapie et de l’optimisation de la vie quotidienne, la PNL s’est très vite répandue dans l’univers de l’entreprise.
Musique et hypnose. Catherine ELIAT
LA VOIE DU SON ? Aspirant à devenir « pianesthésiste », Catherine Eliat approfondit ici une méditation sur l’utilisation de la musique hypnose, particulièrement dans la prise en charge de la douleur aigüe chirurgicale. Un texte qu’elle fait progresser piano appassionata. Dès ma première formation à l’hypnose, en 2007, à Emergences avec Claude Virot, et alors que parallèlement je reprenais un contact intensif avec la musique, je me suis interrogée sur les liens entre la pratique de l’hypnose dans le soin, et la pratique instrumentale ou vocale des musiciens.
Milton Erickson. Penser à la main. Dr Thierry Servillat
Juhani Pallasmaa est architecte et finlandais. Il vient de publier un livre dont le titre fait immédiatement écho à tout praticien utilisant dans son travail l’approche d’Ernest Rossi : La main qui pense. Original dans la forme (car abondamment illustré, comme notre revue, d’images en noir et blanc qui éclairent considérablement le propos), il l’est aussi dans son projet : « (…) souligner les mécanismes relativement inconscients de la pensée et de la création qui sont à l’oeuvre chez l’écrivain, l’artiste, l’artisan ou l’architecte ».
“Pour le moins”. Dr Stefano COLOMBO Quiprocquo, Malentendu et Incommunicabilité 33
Pour le moins c’est clair !En moins de temps qu’il n’en faut pour le lire, j’ai eu la sensation, pour ne pas dire la conviction, que je vaux moins que zéro, à moins que...Prenons les mathématiques : moins et moins cela fait plus. Sauvé ! J’ai volé deux pommes, et la vieille dame s’est retrouvée avec deux pommes en moins, le lendemain j’ai récidivé. Elle avait encore deux pommes en moins, et moi, j’en avais quatre en plus. Simple non ? Moins deux et moins deux donne quatre.
Milton Erickson.La réalisation du Magicien du désert
Contributions de Roxanna ERICKSON-KLEIN, Alexander VESELY, Mary CIMILUCA.
Traduction Thierry SERVILLAT.Le film Magicien du désert, réalisé par Alexander Vesely, est un film sur le Dr Milton Erickson. Il parle à la fois de l’histoire de cet homme remarquable, et des profondes impressions que celui-ci était capable de provoquer en un instant. C’est l’histoire de l’impact qu’il a eu sur des personnes et sur le métier psychothérapeutique en pleine évolution. Les personnes ayant cette capacité sont rares et leur propre histoire est singulière.
A propos du réseau « Hypnose et Maternité »
Par Isabelle BARGELE, Armelle TOUYAROT. Pourquoi un article d’information sur le réseau « Hypnose et maternité » dans la rubrique « billet d’humeur » ? Il semble que ce soit courant d’associer « humeurs » et maternité… Humeurs fluctuantes en raison notamment de leur rapport avec les hormones. Revenons au dictionnaire : Humeur : du latin humor, liquide. Disposition affective de base dont les variations entre une tonalité agréable (pôle du plaisir) et une tonalité désagréable (pôle de la douleur) seraient sous-tendues par une régulation neuro-humorale (Larousse).