QUITTER LA CONTRAINTE POUR RETROUVER SES OBLIGATIONS !
Cynthia DRICI
Certaines demandes de thérapies résultent assez fréquemment d’un sentiment de contrainte qui empêche de vivre. Dans une perspective phénoménologique, l’hypnose est là, disponible, pour aider au dégagement qui permettra au patient de pouvoir de nouveau accéder à ses valeurs. Exploration d’un paradoxe qui n’est qu’apparent.
Lorsqu’un individu décide de consulter un spécialiste de l’accompagnement thérapeutique, il décrit bien souvent, lors la première rencontre, une situation dans laquelle il se sent bloqué, figé.
Comme le soulignait Héraclite, « Une seule chose est constante, permanente, c’est le changement ». Le sujet en souffrance, privé de sa dynamique de mouvement, se retrouve alors en incapacité d’agir, en difficultés pour s’adapter à ce monde où trône l’impermanence, submergé par cet immobilisme dont il semble ne pas pouvoir se défaire, en proie à ce qui est décrit comme un déterminisme personnel, inhérent à la nature de chacun.
Au cours des premiers entretiens, il apparait fréquemment que ce qui préoccupe ces patients, c’est le fait d’avoir la sensation d’être entravés physiquement, de ne plus contrôler ce qui se passe dans leur corps, de ne plus avoir le choix, de ne plus pouvoir jouir de leur libre arbitre. Cette privation de l’agir-volontaire génère une grande frustration qui peut revêtir les traits de la colère, bien souvent tournée vers ce que la plainte initiale désigne comme étant la cause de ce mal être. Que l’origine du problème se situe dans la sphère professionnelle, ou dans le contexte familial, il y a de façon inéluctable contagion du malaise à toutes les autres sphères de vie, avec comme première conséquence énoncée cette altération de la mobilité volontaire au plan décisionnel, vécue comme étant d’une extrême violence. C’est selon moi le moment où l’obligation devient de façon subjective une contrainte pesante pour l’individu.
OBLIGATION N’EST PAS CONTRAINTE
En effet, s’il est devenu fréquent d’entendre le mot « obligation » utilisé à la place du mot « contrainte », il est fondamental de rappeler que la distinction entre ces deux termes existe bel et bien. L’obligation implique de façon systématique la liberté de l’individu. Chacun est alors à même de pouvoir décider s’il souhaite s’obliger ou non. Cette notion contraire à la nécessité permet qu’il y ait toujours la possibilité d’une impossibilité, en ce sens que tout individu peut, du fait de sa volonté, se soustraire à une obligation en choisissant d’y désobéir. La contrainte quant à elle est beaucoup plus violente, car elle oblige l’individu à aller à l’encontre de sa volonté en lui imposant un agir et en le privant de son autonomie. Cette entrave retentissante jusque dans les sens, est vécue comme une grande souffrance.
RÉAPPROPRIATION DU CORPS
L’individu, face à ces difficultés, fait un constat d’impuissance. Et il va devenir urgent pour lui de retrouver une dynamique de mouvement dont il aura l’entière maitrise, et dans laquelle il s’inscrira à nouveau en tant qu’acteur. La première étape consistera généralement à oeuvrer afin qu’il puisse se réapproprier son corps, et ce afin qu’il ne le subisse plus. En effet, il n’est pas rare que le patient développe une crainte à l’égard de son propre corps car ce dernier, à fleur de maux, s’exprime souvent très intensément. Survient très vite la peur d’être trahi par lui en toute circonstance. Le patient guette alors les prémisses de ce qui pourrait devenir une crise d’angoisse, ou bien redoute les vomissements, les diarrhées, en somme toutes les manifestations somatiques contre lesquelles il dit ne rien pouvoir faire, contre lesquelles il ne croit pas pouvoir être en mesure de lutter. Tout devient obstacle, tout semble aller trop vite, plus rien ne respecte son écologie. Le corps est perméable et il plie sous l’obligation devenue contrainte.
RÔLE DE L’HYPNOSE
Hypnose & Thérapies Brèves : la Revue N° 29 Mai Juin Juillet 2013
EDITORIAL : AMUSANT N'EST- CE PAS ? Dr Thierry SERVILLAT
Une des attitudes fondamentales –peut-être la principale- qu’avait Milton Erickson envers la vie était d’essayer de s’amuser (to have some fun). Y compris dans son travail.
Un thérapeute qui veut s’amuser ? Paradoxe, dirons-nous très vite ! Aider, soigner l’autre est théoriquement un métier… sérieux, ne pensez-vous pas ?
Comment concevoir cela ? La thérapie aurait-elle à voir avec les Muses et la musique ? Oui sûrement, mais le mot « amuser » ne semble, contrairement aux apparences, avoir aucun rapport avec celles-ci.
POUR UN CHANGEMENT DE TYPE 3
Stéphanie GUILLOU et Dr Franck GARDEN-BRÈCHE
Rencontre de troisième type avec une infirmière en hématooncologie et un algologue urgentiste qui proposent, à partir d’une pratique laissant l’esprit rationnel de côté, une conception nouvelle du changement thérapeutique se situant dans la continuité des travaux de Gregory Bateson menés avec Paul Waztlawick, et basée sur un accueil total de l’émotion naissant de la rencontre.
L’ACCUEIL BRAS OUVERTS
POUR JOUER AVEC LES LIMITES INVERSER LE SENS.
J. de MARTINO
Variation sur le « Non !... J’déconne… » utilisé par de nombreux adolescents, le texte de l’intervention de Joël de Martino très remarquée lors des Transversales de Vaison la Romaine en 2008 est publiée en hommage à Franck Farrelly. DÉFINITIONS Déconner (v. intr.) : dire des bêtises, des inepties, ne pas être sérieux (argot) ; exagérer, divaguer, déraisonner ; plaisanter, s’amuser, faire des bêtises, se laisser aller. Etymologie (1883) : de dé-, con-, et suffixe verbal. Le sens initial érotique est vieux ou très rare ; le passage de ce sens (à celui-ci) n’est pas clair (métaphore de « sortir du vagin » ou croisement avec le sens familier : de con : « imbécile ») (Grand Robert). A noter cependant qu’on ne dit pas : « Non ! J’dévagine ! »
EN VIE JUSQU’À LA FIN, ACCOMPAGNER L’HUMAIN
Véronique LESAGE, psychologue, pratique une hypnose issue des thérapies humanistes.
Elle nous raconte le chemin fait avec Catherine, malade d’un cancer colique. Un accompagnement utilisant l’hypnose afin de répondre au mieux à l’objectif demandé par la patiente : préserver son humanité. La pratique de l’hypnothérapie s’inscrit dans un relationnel, un accompagnement singulier entre un professionnel et son patient. Je vous propose une illustration de cette dimension à travers l’histoire de Catherine D., atteinte d’un cancer. Elle est maintenant décédée, et ce témoignage est aussi une forme d’hommage qui lui est rendu. Je rencontre Catherine pour la première fois à l’automne 2008. Elle m’est envoyée pour de l’hypnose par une collègue psychologue qui chante avec elle dans la même chorale.
INTERACTIONS THÉRAPEUTIQUES ÉCLAIRAGES DÉVELOPPEMENTAUX
I. CAPPONI ; A. RAMBAUD ; J.P. COURTIAL
Dans la continuité de la réflexion systémique, la compréhension de ce qui se passe en hypnose et lors de certaines approches psychothérapiques peut s’enrichir de nombreux travaux en psychologie de l’enfant. Des recherches qui le plus souvent préexistaient à celles du groupe de Palo Alto. L’hypnose met en jeu des interactions entre thérapeutes et patients qui vont bien au-delà de la notion psychanalytique de transfert. Il en va de même pour les thérapies dites énergétiques que nous désignerons dans la suite du texte par thérapies interactionnistes. L’hypnose et les thérapies dites énergétiques mettent en jeu des objets médiateurs, concrets ou abstraits (pendule, fétiche, aiguilles, prière, etc.), que nous appellerons, à la suite de la sociologie de la traduction, acteurs réseaux, dans la mesure où ils interviennent à partir de ce à quoi ils sont associés.
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Robert Montaudouin
Bernadette Audrain-Servillat
Originaire de Chartres, Robert Montaudouin a dessiné très tôt. Dans les années 70, poussé par un prof d’anglais il a durant quatre années étudié à l’Ecole des Arts Appliqués et des Métiers d’Art de Paris où il obtient un diplôme en art mural. Il continue son cursus à l’Ecole des Beaux Arts de Paris (atelier de peinture de Gustave Singier). Paris lui plaît peu. Il y travaille cependant quelques temps dans un petit atelier avant de se tourner vers le travail de la terre. Il fait un stage de potier à Besançon et s’installe comme céramiste dans la Loire en 1981. Certaines de ses oeuvres sont acquises par le musée national de la céramique de Sèvres et par le musée de Grenoble. Il pratiquera cette activité durant une quinzaine d’années. Et puis soudain, « le corps ne veut plus faire »…
HYPNO-PHILO
Procrastination(s). Dr Thierry SERVILLAT
Professeur de philosophie à Stanford, John Perry, procrastinateur lui-même (si nous le croyons) a écrit, sur un mode humoristique, un manuel qui pourra aider bon nombre de nos patients, et aussi pas mal de thérapeutes. Sur un problème souvent qualifié de « stupide », car semblant tout à fait irrationnel (nous dirons acrasique1 pour faire « branché philo grecque »), l’auteur va écrire un livre brillant, grand succès de librairie témoignant, si besoin était, de la difficulté de nos contemporains à gérer leur temps. Car il s’agit bien – je reconnais moi aussi avoir procrastiné pour avoir attendu la 16ème ligne pour le définir, de remettre à plus tard une tâche considérée comme importante. Le livre commence par un témoignage, récit d’une révélation telle celle de Saint Paul sur le chemin de Damas : l’auteur prend conscience, il y presque 20 ans, qu’il est un « procrastinateur structuré », c’està- dire « un individu capable d’accomplir beaucoup de choses tout en négligeant d’en accomplir d’autres ».
QUIPROQUO, MALENTENDU ET INCOMMUNICABILITÉ
« Trop bien ! » Dr Stefano COLOMBO
Deux mots qui sont déjà trop pour moi. J’avais déjà de la peine avec le bien et le mal, mais là ç’en est trop. Regardons de plus près et commençons par la deuxième partie, le bien. Je peux dire que j’ai du mal avec le bien alors que la langue française a du mal à me laisser dire que j’ai du bien avec le mal. C’est comme si je pouvais faire le bien un peu plus mal mais pas le mal un peu plus bien ou, si vous voulez, c’est comme si je pouvais faire le bien un peu moins bien mais pas le mal un peu moins mal. Vous conviendrez que nous ne pouvons pas dire mieux. Quand, en plus, vous apprenez que le mieux est l’ennemi du bien vous ne savez plus comment vous situer par rapport au mal. Si le mieux est l’ennemi du bien, puisje dire que le pire est l’ami du mal ?
CONGRÈS ET CONFÉRENCES
Tentatives, solutions, logiques.
Christine GUILLOUX
Compte rendu de Christine GUILLOUX Hors contexte, les mots et les gestes n’ont pas de signification. Gregory BATESON Ordonner le monde ou le désordonner ? Décrire les parties jusqu’à l’infiniment petit ou comprendre les relations, les interactions des parties entre elles, avec les autres, le monde, l’univers ? Lier, délier, relier… Deux journées offertes par l’Institut Grégory Bateson, les 13 et 14 octobre 2012, à Paris, sur le traitement des troubles mentaux par l’approche systémique et stratégique. Deux journées, denses et menées tambour battant, à nous fabriquer des foies gras pour préparer nos voyages, nos migrations et nos apprentissages sans cesse renouvelés. Une belle brochette d’intervenants, à nous faire saliver. Pour n’en citer que quelques uns : Betty Alice Erickson, François Jullien, Giorgio Nardone...
HUMEUR
Pour une psycho-allergologie. Dr Christian MARTENS
Les médecins s’appuient sur les sciences physiques et biologiques pour expliquer les symptômes. Elles nous permettent d’en déterminer les causes et les conséquences, d’ex-pliquer, c’est-à-dire littéralement de dé-plier les signes dans une série de cause à effet. Mais par souci d’objectivité, celles-ci se refusent à s’interroger sur leur sens, sur les questions relatives au sens de ces signes, à les comprendre. Car comprendre, c’est de l’intérieur, découvrir le sens.