Entretien avec Joyce Mills. Par Gérard Fitoussi


Revue Hypnose & Thérapies brèves n°45



Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ?
Joyce Mills : Enfant, je racontais déjà des histoires. Mon fils aîné fut atteint de paralysie cérébrale, ce qui m’a conduit à m’intéresser à un programme pour les enfants dans sa condition. J’obtins mon doctorat en 1982 et en 1992 nous avons déménagé à Hawaii. Dix jours après notre arrivée, l’île fut touchée par un ouragan, le pire désastre naturel de cette région au XXe siècle. Cet événement a changé ma vie et mon travail. Avec la communauté locale, nous avons créé un programme basé sur la résilience, la guérison naturelle et fondé sur les forces du groupe.
 
De quelle façon vous êtes-vous intéressée à l’hypnose ?
A l’université j’avais intégré un groupe d’étude en PNL. Richard Crowley en faisait partie. Stephen Gilligan et Paul Carter proposaient une formation en hypnose ericksonienne. La formation fut faite dans une espèce de transe et a transformé radicalement ma pratique. Je mangeais, je dormais, je lisais, je vivais Erickson.
 
D’où vous est venue votre inspiration pour les métaphores et celle connue mondialement de « Sammy l’éléphant et Monsieur Chameau » ?
Sammy l’éléphant m’a été inspiré par un enfant de 8 ans qui avait un problème d’énurésie. Il aimait les éléphants et le cirque. Pendant les séances, l’histoire du petit Sammy me vint spontanément à l’esprit. Je ne l’avais pas planifiée. Il a adoré cette histoire et sa maman rapporta des changements radicaux. J’ai eu alors l’idée d’écrire un livre avec Richard Crowley en utilisant Sammy comme l’exemple de métaphores pour les enfants. Ceci nous a conduits à écrire « Therapeutic Metaphors for Children & the Child Within ». L’inspiration pour les métaphores me vient en m’ouvrant et en recevant ce que je perçois par tous les sens et par les différents canaux de la nature et de la vie. Avec un patient, ma première question se concentre sur ce qu’il aime faire. Entrer dans le monde des patients est essentiel pour recevoir les cadeaux qu’ils amènent avec eux en thérapie. Leurs problèmes et leurs hobbies ouvrent les portes de mon imagination et font venir les symboles qui les représentent. Une histoire émerge telle une rose qui éclot ; lentement, pétale après pétale.
 

Comment l’idée des trois dessins vous est-elle venue ?
L’idée m’est venue avec Suzi, une petite fille hospitalisée pour une douleur lombaire. J’ai ressenti que le fait de dessiner serait une approche dissociative pour la prise en charge de sa  douleur. J’ai étendu ce processus d’imagerie pour inclure des sensations visuelles et kinesthésiques. Suzi répondit immédiatement et appela son livre de dessins « mon livre d’amélioration ». Elle continua à l’utiliser tout au long de son séjour à l’hôpital. Après cette première rencontre, j’ai continué à utiliser ce processus de Dessin des ressources internes (DRI) avec des adultes, des adolescents, des enfants et des groupes. Parfois, en raison des différences d’âge ou de langage, j’utilise seulement deux étapes : le dessin du problème ; et un deuxième dessin « à quoi cela ressemble-t-il quand ça va mieux ? ». 
 
En 1986, votre livre écrit avec Richard Crowley, « Métaphores thérapeutiques pour les enfants et l’enfant intérieur » a été un événement qui a ouvert de nouvelles façons de penser et d’intervenir dans le processus curatif des enfants. Quelle a été la genèse de cet ouvrage ?
Richard et moi avons étudié l’œuvre de Milton Erickson, l’histoire des métaphores, mais aussi le travail de Joseph Campbell, de Jung, de Viktor Frankl, et de bien d’autres provenant de cultures différentes. Nous écrivions des métaphores pour nos clients et nous nous les lisions l’un à l’autre en jouant alternativement le rôle du patient ou du thérapeute. J’ai émis l’idée d’écrire un livre sur les métaphores pour les enfants parce que personne ne l’avait fait. Nous avons reçu l’aide de notre éditeur et les encouragements de collègues comme Jeffrey Zeig et Ernest Rossi. Apres cinq années d’écriture, le livre fut finalement publié. 


Edito: Les couleurs de la vie. Sophie Cohen
Ce numéro est sous le signe du vivant, du vital. Tout d’abord grâce à notre artiste : Mario René Madrigal. Ce peintre né au Nicaragua, avant de se révéler au Costa Rica, exprime une continuité entre les temps du précolombien et les temps actuels. Il opère ces liens au travers de la symbolique et les couleurs qu’il utilise. 

Arrêt du tabac: script détaillé d'une séance. Dr Daniel Quin
Je propose quotidiennement des séances de sevrage tabagique en me servant de mon statut assumé de fumeur. J’aime fumer ! Il s’agit dans la structure d’intervention que je souhaite partager avec vous d’une sorte de recette universelle. A vous de l’adapter individuellement à chacun de vos patients et d’en faire « du sur-mesure » comme nous l’ont enseigné Erickson et ses disciples.

Techniques d’hypnoanalgésie. Dr Gilda Pardey Bracho
En neurochirurgie certaines procédures, en particulier de type fonctionnel, méritent des états alternant entre la sédation/analgésie (moments inconfortables et/ou douloureux) et l’état de conscience critique, afin d’évaluer l’efficacité de la procédure chirurgicale : électrode correctement placée, amélioration des symptômes lors de la stimulation corticale ou médullaire, et absence d’effets indésirables lors de la stimulation/résection chirurgicale.

Sclérose en plaques: Diminuer la spasticité. Valérie Etchevers
Depuis quelques années je travaille en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), où je pratique l’hypnose dans ma fonction d’infirmière, et je travaille également en cabinet. Il m’est arrivé assez fréquemment de rencontrer des personnes atteintes de sclérose en plaques. La sclérose en plaques, ou SEP, est une affection du système nerveux central. Elle touche le cerveau, le cervelet et la moelle épinière qui ont en commun d’être constitués de cellules spécifiques, les neurones.

Dossier François Roustang: l'Editorial du Dr Jean-Marc Benhaiem
Les grands penseurs sont fascinants. Leurs textes contiennent des ouvertures et des avancées à n’en plus finir. A chaque lecture et relecture, un nouveau concept apparaît. Ils vont à l’essentiel. Ils sont lus par une multitude qui y trouve son compte. L’écriture est précise. Chaque mot est pesé, choisi. Les textes et ouvrages de François Roustang sont de cette veine. "François a enseigné, a beaucoup écrit, fut beaucoup lu, mais se sentait peu compris", nous rappelle Gaston Brosseau depuis Montréal.

Roustang, l’homme libre. Guillaume Delannoy
C’est une amie qui m’a fait découvrir François Roustang. A une époque de sa vie où elle allait très mal, elle avait acheté La fin de la plainte, un livre destiné à un large public, mais aussi adressé aux professionnels de la relation d’aide, raison qui avait certainement guidé le choix de cette intellectuelle qui cherchait des pistes pour sortir de sa souffrance, mais qui n’aurait jamais, au grand jamais, daigné acheter ou même feuilleter un livre de développement personnel.

« De l’insoutenable légèreté de l’être ». Sylvie Le Pelletier-Beaufond
« De l’insoutenable légèreté de l’être » : c’est en ces mots que François Roustang évoque lors d’un de nos derniers entretiens, à l’aube de ses derniers jours en guise peut-être de clôture de son œuvre, l’essence de la vie qu’il nous invite inlassablement à contacter, dans une forme de présence au monde libre, intense, fluide. François Roustang sans relâche incite, propose, impose même de s’installer dans la vie telle qu’elle est, dans cette « légèreté de l’être, insoutenable parfois ». 

Dans les blocs opératoires. Dr Marc Galy
En octobre 1995 François Roustang donne une conférence à la Fondation Ling de Lausanne : « Pourquoi notre culture se méfie-t-elle de l’hypnose ? ». Cette conférence est publiée dans Feuilles oubliées, feuilles retrouvées en mai 2014 par Payot. Dans ce texte, il souligne que « notre époque accueille relativement volontiers l’hypnose lorsqu’elle est capable de produire des effets d’anesthésie ou d’analgésie, c’est-à-dire lorsqu’elle nous coupe des stimuli afférents qui pourraient être cause de douleur… ».

Faire vivre avec, jusqu’au bout ! Prolonger le geste de François Roustang. Dr Eric Bonvin
Après avoir exploré durant de nombreuses décennies l’expérience de vivre en ce monde avec les êtres vivants, permis à ceux qui en souffrent de la vivre mieux, évité d’échouer sur les écueils mortifères de la modernité, François Roustang a, tout au long de son cheminement, laissé de précieux indices sur l’expérience de vivre. Son parcours l’a conduit dans tous les domaines où elle peut être explorée, comme dans l’institution spirituelle religieuse, la psychologie, la psychanalyse, la philosophie puis l’hypnose thérapeutique.

François Roustang : le début d’une aventure. Dr Julien Betbèze
Le début des années 1980 a été marqué par l’arrivée sur la scène thérapeutique de l’importance de l’œuvre de Milton Erickson, avec la publication en 1984 en français du livre de Jay Haley, Un thérapeute hors du commun. L’entrée de l’hypnose thérapeutique en France a été facilitée par les formations mises en place par Jean Godin et Jacques-Antoine Malarewicz. Mais si l’hypnose thérapeutique a pu être accueillie comme une pratique et également comme une pensée, elle le doit au travail théorique effectué par François Roustang depuis la publication de Suggestion au long cours en 1984.

« Jamais contre d’abord ». Dr Stefano Colombo
Je me suis bien préparé pour cette marche à la montagne. Je le sens. J’avance à un rythme régulier. La première partie est une étape d’exploration : un nouveau paysage, des repères à fixer, une évaluation de la difficulté, le choix du bon chemin. Peu à peu, le terrain devient plus irrégulier, la pente commence à se faire sentir. Pendant cette deuxième étape, nous marchons en file indienne à une cadence qui convient à chacun du groupe. Nous avons, au fond, presque le même entraînement.

Le vent dans le dos. Dr Véronique Bonnet
Bonne nouvelle, ça pousse le facteur... « Le vent dans le dos » : l’expression est lancée dans la discussion, elle se pose sur la table. Il amène des lettres du bout du monde. Au fait, de quel bout s’agit-il ? C’est un restaurant « branchouille » où se rassemblent les amis, dans une ambiance qui éveille le regard. Du monde peuplé d’amis, de chaleur et de lumière. Ah, comme c’est bon dans le corps ces lettres... lire ces mots adressés.

La guérison n’a pas d’odeur. Dr Adrian Chaboche
Chers lecteurs, continuons notre exploration. Certains patients nous surprennent, parfois nous tourmentent, et même nous heurtent. Nous nous efforçons alors de parler d’empathie. Selon Carl Rogers : « Etre empathique, c’est percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que possible et avec les composants émotionnels et les significations qui lui appartiennent comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de vue la condition du “comme si” ». 

Méditation Vipassana. Dr Dina Roberts
Les liens entre la méditation et l’hypnose suscitent beaucoup de questionnements. Je n’avais aucune pratique méditative lorsque j’ai décidé d’aller en faire l’expérience, en immersion, lors d’une retraite de dix jours pendant laquelle j’ai pratiqué la méditation Vipassana. Cette technique, également décrite comme un « art de vivre », propose d’apprendre à « voir la réalité telle qu’elle est » en passant par une exploration de soi fondée sur l’observation des sensations physiques.

Entretien avec Joyce Mills. Par Gérard Fitoussi
Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ? Joyce Mills : Enfant, je racontais déjà des histoires. Mon fils aîné fut atteint de paralysie cérébrale, ce qui m’a conduit à m’intéresser à un programme pour les enfants dans sa condition. J’obtins mon doctorat en 1982 et en 1992 nous avons déménagé à Hawaii. Dix jours après notre arrivée, l’île fut touchée par un ouragan, le pire désastre naturel de cette région au XXe siècle. Cet événement a changé ma vie et mon travail. 

Le gorille invisible. Quand nos intuitions nous jouent des tours
Notes de lectures par Christine Guilloux. Vous souvenez-vous d’avoir vu passer le gorille ? Ou vous est-il passé sous le nez sans que vous n’y preniez garde ? Vous riez jaune. Votre attention a été détournée, absorbée par une tâche et vous n’avez eu d’yeux que pour la tâche qui vous était assignée. Rappelez-vous, vous assistiez, sur une vidéo, à un jeu de basket entre deux équipes, l’une habillée en tee-shirts blancs, l’autre en tee-shirts noirs, et vous aviez à compter le nombre de passes entre les joueurs de l’équipe des blancs.

La psychothérapie des obsessionnels compulsifs. Claude Michel
Notes de lectures par Gérard Fitoussi. Dans un des ouvrages de références de l’hypnose, « Hypnotic suggestions and metaphors » de D. Corydon Hammond, où sont répertoriées nombre de propositions concernant l’utilisation de l’hypnose dans une variété de troubles, y compris les troubles anxieux, on ne trouve cependant pas de référence à l’utilisation de l’hypnose dans les TOC, pas plus que dans, par exemple, le « Oxford Handbook of Hypnosis ».

L'Hypnose à l’Académie nationale de médecine? Dr Lauriane Bordenave
Entretien avec Jean-Marc Benhaiem. Audition de l’Académie nationale de médecine. Lauriane Bordenave : Bonjour Jean-Marc, tu as été auditionné par l’Académie nationale de médecine (ANM) en janvier de cette année au sujet de l’hypnose. Pour quelles raisons ? Jean-Marc Benhaiem : en mars 2013, l’Académie nationale de médecine publie un rapport et des recommandations sur les médecines complémentaires.

Soyons le messager de notre message. Dr Régis Dumas
Humilité, transmission et partage d’expérience. Petites réflexions à l’intention des futurs congressistes. Le 10 mai 2017 va s’ouvrir en terre volcanique, à Clermont Ferrand, le 10e Forum de la CFHTB : notre terre d’Auvergne et ses volcans montent tranquillement en température... Cette manifestation exceptionnelle, une fois tous les deux ans, va réunir les 35 branches du bel arbre que constitue la Confédération Francophone Hypnose et Thérapies Brèves. 

Le mois dernier : Hypnose et anorexie
Hypnose et neurochirurgie
Formation Hypnose et mouvement
Dominique Megglé
L'hypnose, ça marche vraiment ?





- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le 29/08/2017 à 17:35 | Lu 3031 fois modifié le 19/07/2018



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